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07/08/2014

Montebourg contre les "métiers privilégiés" ?

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Bercy brandit son bluff économique (l'ouverture à la concurrence), face à des métiers verrouillés sur des marchés captifs :

 


Encore un coup de cymbales... Cette fois, Montebourg parle « d'ouvrir à la concurrence » les 37 métiers réglementés : architectes, greffiers des tribunaux de commerce, huissiers de justice, notaires, opticiens, pharmaciens, dentistes, ambulanciers, plombiers, serruriers... Dénoncés par Bercy comme « privilèges trop lucratifs », ces secteurs ripostent en déclarant la guerre selon le schéma habituel dans l'Hexagone (façon bonnets rouges FNSEA) : « touche pas à ma rente de situation ! » On ne tardera pas à lire – une fois de plus – que « l'Etat » s'en prend à « l'entreprise ».

L'Union nationale des professions libérales (UNPL) proclame : « Nous préparons un vaste mouvement de protestation à la rentrée. »

Mais c'est Montebourg qui brandit la rhétorique libérale ! Et ce sont les notaires, pharmaciens, etc, qui campent sur des positions corporatistes...

Que valent les arguments libéraux de Bercy ? Déclasser des privilèges en les « ouvrant à la concurrence » peut-il « faire baisser les prix », doper « le pouvoir d'achat des consommateurs » et ranimer « la croissance » ?

C'est oublier que :

1. l'axiome selon lequel « le marché peut tout » est absurde. « On l'a appliqué au marché financier et ça nous a conduits à la crise que l'on connaît », dit Gérard Cornilleau (Observatoire français des conjonctures économiques).

2. L'ouverture à la concurrence entraîne rarement une baisse des prix : les lawyers américains dérégulés sont plus chers que les avocats français.

3. Dire que la nature de la concurrence est de « créer des emplois » et de « doper le pouvoir d'achat », c'est une songerie d'école de commerce.

La déclaration de l'UNPL nous prépare pour septembre une nouvelle pseudo-insurrection de la « société civile » contre « l'Etat ». Mais là c'est le soi-disant Etat qui sert l'utopie libérale, et c'est la soi-disant société civile qui s'incarne dans des métiers verrouillés monopolisant des marchés captifs : métiers qui ont augmenté de 46 % leurs revenus nets entre 2000 et 2010 (selon le rapport 2013 de l'Inspection générale des finances)...

On voit que les slogans de l'an dernier (« libertés en colère » contre « dictature socialiste ») sont éloignés de la situation réelle, et qu'on ne s'en sortira pas sans changer de paradigme.

 

 

Commentaires

CONCURRENCE ET INSÉCURITÉ

> J'appartiens à l'une des ces professions réglementées du secteur juridique et j'apprécie votre analyse sur les effets d'une ouverture à la concurrence, effets qui me paraissent indéniables puisque constatés dans les pays de common law. Vous omettez cependant de dire que cette ouverture s'accompagne en outre d'une insécurité pour les usagers. Dans le secteur juridique - que je connais mieux - une ouverture à la concurrence signifierait peut-être une baisse initiale du coût par acte mais en contrepartie d'une part d'une perte de sécurité juridique donc d'une augmentation du contentieux et donc d'une augmentation du nombre d'actes à facturer à l'usager, et d'autre part, d'une baisse de la garantie offerte par le professionnel et de sa responsabilité.
Enfin vous commettez à mon sens une erreur en retenant les chiffres de l'IGF, chiffres qui sont partiels - et peut-être partiaux s'agissant d'un rapport de commande - dans leur analyse économique de ces professions. L'IGF fait l'erreur de ne retenir que le revenu distribué en ommettant d'indiquer que dans ces professions, les modes de transmission font que la dette, la "finance", est portée par le professionnel individuellement : par conséquent si les revenus distribués apparaissent très importants ils doivent être diminués de ces frais financiers.
Le professionnel doit donc recevoir une forte rémunération pour pouvoir acquitter ses échéances. Cette forte rémunération transfère sur sa tête un fort taux de prélèvements obligatoires : impôts, RSI, URSSAF et autres cotisations spécifiques. Par conséquent l'entreprise a une forte rentabilité car le professionnel supporte individuellement les charges.
J'en veux pour preuve mon exemple : je l'ai dit j'appartiens à l'une des professions juridiques clouées au pilori et l'une de celles dont la rémunération apparaît la plus importante.
Or une fois mes échéances de prêts couvertes et mes prélèvements obligatoires acquittés, il me restait au début de mon activité, un revenu équivalent au salaire d'un cadre supérieur. Pour une activité qui demande d'être constamment disponible et qui me laisse deux semaines de vacances par an. Mais ce revenu s'est depuis dégradé : mon chiffre d'affaires annuel dépend pour une part des remboursements par le ministère des frais avancés dont je ne puis obtenir paiement.
Or le budget du ministère est en baisse et ma dette sur le Trésor augmente.
Par ailleurs les cotisations de santé et les impôts ont tout simplement explosé et aujourd'hui mon revenu disponible est aux alentours du SMIC. Un peu plus les bons mois.
Je crois donc qu'il faut cesser d'offrir à la vindicte populaire d'honnêtes professions qui pour certaines administrent avec dévouement des pans du service public. Merci de votre attention.

Écrit par : Stanislas Pompon / | 07/08/2014

CROISSANCE DE QUOI

> J'aime bien son affiche : imposons la croissance !
J'ai une solution pour lui qui DOUBLERAIT le PIB avec 3 fois rien :
Prenons 2 sociétés qui achètent et revendent le même produit (on appelle cela du "B to B"). La première achète à l'autre 1 kg de patate (ou autre chose, on s'en fout). Facturé 1 E. La seconde revend à la première ce même kg de patate, exactement au même prix. Vous réprétez cette opération quelques milliards de fois, et vous obtenez pour les 2 société un CA de plusieurs milliards (ou millions de milliards, tant qu'à faire), sans qu'aucun flux physique n'ai eu lieu (pas la peine de s'envoyer la marchandise, le solde étant nulle à chaque fois, seul le flux financier compte dans le PIB).
En automatisant tout cela par des ordinateurs qui feraient quelques centaines de transaction à la seconde, au bout d'un an, nous aurions doublé le PIB de la France, sans se fatiguer !.
Avec pour l'Etat une TVA collectée nulle (la TVA déductible étant égale à la TVA collectée), un solde bancaire nulle, et juste quelques frais de gestion.
Cela me démange depuis quelques temps de mettre en place cette anerie (via site web internet), mais je doute que mon petit banquier me laisse faire ces bêtises très longtemps. Il y a des choses que l'on tolère pour des spéculateurs boursiers remplis de millions, mais pas aux petits sans le sou.
Enfin, vive la croissance ! mais de quoi ?
Cdt,
______

Écrit par : Bergil / | 07/08/2014

BOUCS ÉMISSAIRES ?

> Il faut bien désigner des boucs émissaires car ils sont au bout du rouleau!
Pour les pharmaciens, c'est comique: les principales dépense de la SS sont les coûts des hospitalisations, incompréhensibles, dans le public. Allez savoir savoir pourquoi la journée en chirurgie est moitié moins cher dans la clinique à but lucratif de S. qu'à l'hopital de E. !?

Pour les notaires, l'essentiel des "frais de notaire" est la collecte de droits d'enregistrement.

Quand baisse-t-on les rémunération des ministres, parlementaires..etc ?
______

Écrit par : Pierre Huet / | 07/08/2014

A L'AISE

> Si j'en crois Stanislas Pompon, le pauvre homme, certains fonctionnaires et ceux qui perçoivent le RSA sont presque plus à l'aise financièrement que lui !!!
______

Écrit par : Bernard / | 09/08/2014

MONTEBOURG

> Qui donc reconnait-on à ce que ça ose tout?
http://www.atlantico.fr/pepites/arnaud-montebourg-ancien-ministre-economie-demande-bourse-pour-retourner-ecole-1836437.html

Surprenant qu'un Young Leader ait encore besoin d'une formation au management. Peut-être s'est-il rendu compte de l'incompétence fabuleuse du personnel politique actuel? Notez bien que ça peut lui faire du bien de savoir comment l'économie fonctionne. Il prépare sa reconversion !
______

Écrit par : Pierre Huet / | 01/11/2014

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